Par Laure GATEL, DipECVDI, PhD, service d’imagerie médicale.
Cole LP, Mantis P, Humm K. Ultrasonographic findings in cats with acute kidney injury: a retrospective study. J Feline Med Surg. 2019 06; 21(6):475–480
Cette étude rétrospective anglaise s’intéresse aux lésions échographiques observées chez des chats présentant une insuffisance rénale aiguë (IRA) et recherche les facteurs associés pouvant influencer le pronostic vital.
45 chats ont pu être inclus dans l’étude sur une période de 9 ans. Pour être inclus, les chats devaient avoir une créatinine supérieure à 141 μmol/L et au moins l’un des critères suivants : glucosurie, protéinurie, oligurie ou anurie. Les cas présentant une insuffisance rénale aiguë sur fond d’insuffisance rénale n’ont pas été inclus dans cette étude.
Les critères échographiques évalués étaient :
- Une néphromégalie avec une longueur rénale supérieure à 4,4 cm
- L’augmentation de l’échogénicité du cortex et de la médulla et la présence éventuelle d’un liseré hyperéchogène ou hypoéchogène entre les deux.
- La présence d’une dilatation pyélique (discrète si <4 mm, modérée de 5 à 10 mm et marquée si > 10 mm)
- La présence de calculs
- La présence d’épanchement rétropéritonéal autour des reins
- La présence d’épanchement péritonéal
Les auteurs ont proposé un grade pour évaluer la gravité de l’IRA et l’ont calculé pour chaque patient :
Les causes d’insuffisance rénale aiguë ont pu être identifiées chez 29 patients incluant l’exposition à des agents néphrotoxiques (comme l’éthylène glycol) ou l’ingestion de lys, l’administration d’anti-inflammatoire non stéroïdien, un traumatisme ou une obstruction urétérale. Pour les autres cas, la cause de l’IRA n’a pas été identifiée.
Concernant les lésions échographiques observées :
- 68 % des cas avaient une néphromégalie, qui était unilatérale dans 35 % des cas.
- 57 % des cas avaient de pyélectasie, qui était discrète dans la majorité des cas.
- 15 % des cas avaient des calculs.
- 40 % des cas avaient une augmentation de l’échogénicité du cortex.
- 51 % des cas avaient une augmentation de l’échogénicité de la médulla.
- 33 % des cas avaient de l’épanchement rétropéritonéal.
- 46 % des cas avaient de l’épanchement péritonéal.
42 % des chats ont survécu et 36 % étaient toujours en vie 6 mois après la crise d’IRA. Aucun critère échographique seul ne permet d’évaluer la gravité de l’IRA.
Les auteurs ont montré que plus le grade échographique est bas, plus les chats ont une chance d’être toujours en vie 6 mois après la crise d’IRA. De plus, les patients présentant une oligurie ou anurie avait un grade échographique plus élevé.
En conclusion, cette étude montre que les lésions échographiques sont très fréquentes chez les patients présentant un IRA clinique et biologique. Les lésions rénales et périrénales sont observées dans plus de 90 % des cas. En se basant sur les images échographiques, si 3 lésions rénales et/ou périrénales sont observées, la probabilité que le patient présente une IRA devient très élevées. Enfin, un grade échographique élevé est associé à un pronostic sombre sur le long terme.
Figure 1 (en haut à G) : Discrète néphromégalie à 4,4cm, avec dilatation pyélique à 5mm. On observe une discrète stéatite périrénale.
Figure 2 (en haut à D) : Néphromégalie à 4,7cm, avec un cortex hyperéchogène et une augmentation de l'échogénicité de la médulla.
Figure 3 (en bas à G) : Néphromégalie marquée à 5cm avec dilatation pyélique marquée à 11mm. Perte de la démarcation cortex/médulla.
Figure 4 (en bas à D) : Néphromégalie, perte de la démarcation cortex/medulla, dilatation pyélique et épanchement périrénal dans le rétropéritoine (observé comme une bande anéchogène autour du rein ventralement et dorsalement).