Par Julien FRITZ, DipECVDI, spécialiste en imagerie médicale
Les tumeurs hypophysaires sont relativement fréquentes chez le chien et le chat. On les classe le plus souvent en fonction de leurs tailles : microtumeur ou macrotumeur.
Les microtumeurs hypophysaires, plus fréquentes chez les chiens âgés de petite race et surtout représentés par des microadénomes associées au syndrome de Cushing, ne sont en général pas visible au scanner. A l’examen IRM, ces microtumeurs ne sont généralement pas visibles directement et ne montrent pas de lésion (figure 1), mais peuvent être suspectées par des modifications subtiles telles qu’une augmentation de convexité de la surface dorsale de l’hypophyse, un déplacement dorsal des granules de vasopressine (spontanément hyperintenses en séquence T1W), voire une anomalie du patron de rehaussement hypophysaire.
Figure 1 : Image transverse au niveau de la selle turcique d’une IRM 1,5, séquences T1W, de l'encéphale d'un chien présentant un syndrome de Cushing d’origine hypophysaire aux explorations biologiques, sans anomalie significative de l’hypophyse (flèche rouge) à l’IRM, pouvant suggérer un microadénome hypophysaire. Crédit : Azurvet.
Les macrotumeurs hypophysaires les plus fréquentes sont les macroadénomes, adénomes invasifs et carcinomes (seuls ayant un potentiel métastatique).
Chez le chien, plus souvent âgés et de grande race, elles peuvent être à la fois associées à des signes cliniques manifestes d’un dysfonctionnement hypophysaire (en particulier un syndrome de Cushing, mais possiblement d’autres signes moins spécifiques tels qu’une dysorexie ou une léthargie) ou à des signes cliniques dues aux effets de masse intracraniens. Chez le chat, la présentation pour dysendocrinie est rare et le signe clinique le plus fréquent est une perte de vision avec altération de la conscience.
Compte-tenu de leur grande taille, leur localisation suprasellaire et leur forte prise de contraste (en lien avec leur caractère extra-axial), ces macrotumeurs sont généralement bien visibles à la fois au scanner et à l’IRM (figures 2, 3).
Figure 2 : Images scanner de reconstruction sagittale (gauche) et transverse au niveau de la selle turcique (droite), fenêtrage cérébral, après injection de contraste intraveineux. Une large lésion extra-axiale suprasellaire est visible (flèches) rehaussante en post-contraste, compatible en priorité chez ce patient avec un macroadénome hypophysaire. Crédit : Azurvet.
Figure 3 : Image transverse au niveau de la selle turcique d’une IRM 1,5T de l'encéphale d'un chien, séquence T1W avant (gauche) et après (droite) injection IV de gadolinium. Noter une macrotumeur hypophysaire avec forte prise de contraste (flèches bleues). Crédit : Azurvet.
L’évaluation de la taille de macrotumeurs hypophysaires rapportées à la taille de l’encéphale (figure 4) est relativement similaire entre les deux modalités d’imagerie bien que l’IRM apporte une meilleure résolution tissulaire pour en déterminer les dimensions de façon plus fiable.
Figure 4 : Réalisation d'un ratio de la taille de l'hypophyse sur l'aire cérébrale en coupe transversale au scanner. Crédit : Azurvet
L’IRM permet également d’évaluer de façon plus sensible un éventuel œdème périlésionnel avec les effets de masse engendrés. L’apoplexie, saignement de l’hypophyse, peut être visible au scanner mais identifiée de façon plus sensible également par examen IRM en effectuant une séquence « écho de gradient » (T2*) sensible aux artéfacts de susceptibilité engendrés par les saignements (figure 5).
Figure 5 : Image transverse au niveau de la selle turcique d’une IRM 1,5T de l'encéphale d'un chien, séquence d'écho de gradient (T2*) montrant un artéfact de susceptibilité en région suprasellaire (flèches bleues), signant en complément des autres séquences un saignement hypophysaire (apoplexie). Crédit photo : Azurvet.