Stent tréchéal chez le chien : résultats d'une étude

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Par Manon David, DMV, assistante en médecine interne

Sur le thème des stents trachéaux


C. WEISSE, A. BERENT, N. VIOLETTE, R. MCDOUGALL AND K. LEMB. Short-, intermediate-, and long-term results for endoluminal stent placement in dogs with tracheal collapse. Journal of the American Veterinary Medical Association, Vol. 254, No. 3, 2019, pp 380-392

Le collapsus trachéal est une affection respiratoire chronique fréquemment diagnostiquée chez les chiens de petite race. La forme traditionnelle correspond à un collapsus mécanique dynamique causé par la combinaison d’une malacie progressive des cartilages trachéaux et d'une laxité du muscle trachéal, entraînant principalement un collapsus dorso-ventral. Une malformation en forme de W des cartilages trachéaux peut provoquer une forme plus statique de rétrécissement de la lumière trachéale.

Les signes cliniques les plus évocateurs d'un collapsus trachéal chez le chien sont une toux sèche avec un timbre ressemblent à un « crie d’oie », une respiration rauque persistante et des épisodes de détresse respiratoire et de cyanose, souvent consécutifs à une excitation, qui peuvent aboutir à une dyspnée potentiellement mortelle.

La prise en charge initiale recommandée est de nature conservatrice à partir d’un traitement médical. L’utilisation d’un stent trachéal est généralement réservée aux chiens présentant un collapsus trachéal réfractaire, non responsive ou grave, ou aux chiens médicalement instables.

Cette étude avait comme objectif d’examiner et de caractériser les complications et les résultats à court, moyen et long terme chez les chiens présentant un collapsus trachéal traité par la pose d'un stent trachéal par les cliniciens d'un service de radiologie interventionnelle American.

75 chiens ayant subi la pose d'un stent endoluminal métallique auto-expansible ont pu être inclus dans l’étude sur une période de 6 ans. La durée du suivi après la pose du stent allait de 0 (décès périopératoire) à 2 119 jours (moyenne 728 jours). 51% (38/75) des chiens présentaient une malformation en W et 49% (37/75) un collapsus dynamique.

Les auteurs ont préféré privilégier la prise en charge médicale des signes cliniques associés au collapsus trachéal avant de recourir à la pose d'un stent ; cependant, cela n'a pas toujours été possible lorsque les chiens étaient en dyspnée.

Le placement des stents a été réalisé sous fluoroscopie et leur positionnement confirmé par trachéoscopie flexible. Un lavage trachéal a été effectué pour recueillir des échantillons de liquide en vue d'un examen cytologique, culture bactérienne et test de sensibilité aux antimicrobiens.

Bien que 7 races aient été représentés parmi les 75 chiens inclus dans l'étude, les Yorkshire Terriers et les Poméraniens représentaient plus de 80% des patients. L'âge au moment de la pose du stent variait entre 2 et 15 ans, soutenaient l’idée que cette affection peut se manifester à tout moment avec un taux de progression variable.

24% des chiens avaient un palais mou allongé nécessitant une staphylectomie partielle et 8% avaient une rétroversion de l'épiglotte nécessitant une épiglottopexie. Selon les auteurs, ces obstructions ont contribué de manière substantielle aux crises des voies aériennes des chiens et doivent à l’avenir être évaluées plus soigneusement lors du traitement de chiens présentant un collapsus trachéal.

Dans l'ensemble, la pneumonie ou l'infection trachéale était la complication la plus fréquente (57%). Cependant, selon les auteurs, la proportion similaire de chiens ayant des résultats de culture positifs au moment de la pose du stent (79%) et après leur sortie de l'hôpital (78%), peut suggérer, que la présence d'un stent n'augmente pas le risque d'infection subséquente.

La fracture du stent était la raison la plus fréquente de la pose d'un stent supplémentaire chez les chiens atteints d’un collapsus dynamique et la croissance des tissus la raison plus fréquente chez les chiens atteints d’une malformation.

Tous les types de complications notées sont survenus au cours de toutes les périodes de suivi, ce qui suggère l'importance de procéder régulièrement à des examens de contrôle.

Une amélioration à long terme des scores de sévérité clinique pour les « cris d'oie » ou la respiration rauque et la dyspnée a été obtenue pour 89% et 84% des chiens. Les auteurs sont de l’opinion que on ne doit pas s'attendre à ce que la toux (non rauque) s'améliore autant que les autres signes cliniques, puisqu’elle s'est aggravée ou améliorée chez un pourcentage à peu près égal de patients.

Cet article défend la nécessité à long terme d'un traitement continu par corticostéroïdes et antitussifs, étant donné la présence continue d'un corps étranger (stent) dans la trachée.

Les seuls facteurs identifiés comme étant associés à la durée de survie dans la présente étude étaient le sexe et l'âge, les chiens mâles et les chiens plus jeunes ayant des durées moyennes de survie significativement plus longues que les chiens femelles et les chiens plus âgés.

Les chiens atteints d’une malformation et de collapsus dynamique dans cette population ont différé par certains facteurs et résultats, mais ils n'ont pas différé de manière significative en termes de durée ou de taux de survie.

Les résultats de la présente étude suggèrent que la pose d’un stent trachéale endoluminal peut constituer une option à faible mortalité pour la gestion du collapsus trachéal, même chez les chiens gravement atteints ; toutefois, des complications sont possibles, notamment une pneumonie ou des infections trachéales, des fractures du stent et une croissance interne des tissus.

Figure 1 – Images fluoroscopiques thoraciques latérales d'un chien présentant un collapsus trachéal avant (A) et immédiatement après (B) le placement endoluminal d'un stent trachéal. Un cathéter marqueur œsophagien a été placé pour calculer le grossissement radiographique. A- La ventilation en pression positive à 20 cm H2O a été utilisée pour obtenir une distension trachéale, permettant de mesurer les diamètres trachéaux maximaux dans les régions cervicales, de l'entrée thoracique et intra-thoracique à l'aide d'un cathéter marqueur œsophagien. B – Le placement approprié du stent et les dimensions finales du stent trachéale sont confirmés.